A quelques six kilomètres en amont d'Hesdin, baigné par la Canche et sur la route des villages fleuris, se niche le village de Vieil-Hesdin. Ce hameau de moins de 400 habitants fut jadis l'une des plus florissantes cités de l'Artois. Son jardin d'Eden était connu jusqu'en Italie.
C'est pour faire découvrir ou redécouvrir l'histoire de l'ancien Hesdin (62), en 2006 fut créé l'Association des amis du site historique du vieil Hesdin, puis en 2009, création de l'espace historique du vieil Hesdin – Maurice Decoster pour exposer tous les objets trouvés dans le sol de l'ancienne ville d'Hesdin. Une visite guidée de 20 stations a été réalisée dans Vieil-Hesdin pour faire découvrir les differents batiments qui éxistaient à l'époque médiévale.
Le village de Vieil-Hesdin a été, jusqu'à sa destruction en 1553, la ville d'Hesdin. Elle faisait partie des principales villes moyenne d'Artois en importance derrière Arras et Saint Omer. Selon Alain Derville, la population de l'ancien Hesdin serait de 8500 habitants avec ces 4 faubourgs.
La ville était ceinte de remparts (depuis la fin du XIIème siècle), flanqués d'une vingtaine de tours semi-circulaire et circulaire, de profonds fossés. Les rempart ont une longueur de 2500m avec 4 portes et 2 poternes. Le tout formait un triangle, au sommet duquel s'élevait un donjon connu dès le XIIème siècle puis château fort dans un premier temps construit en 1208 par Philippe Auguste ou son fils. A partir de Robert II d'Artois, le château est transformé petit à petit en château de plaisance. Ce château fut le séjour favori des Comtes d'Artois puis des Ducs de Bourgogne.
Le château était rempli d'objets d'art. La vie était fastueuse : fêtes, chasses; personnages illustres, princes et souverains de l'Europe entière y ont séjourné surtout sous Philippe le Bon.
Au nord, un vaste parc clos, célèbre dans toute l'Europe pour ses fontaines, volières, ménageries, pavillons, automates et attractions diverses.
Hesdin était un centre de pouvoir où les princes affirment leurs prérogatives, en y fixant des rendez-vous diplomatiques.
En 1553 : la ville et le château furent assiégés et pris par les troupes de Charles-Quint, qui ordonna de les raser. Quelques mois plus tard, il fondait à 6 kms en aval de la Canche une nouvelle ville forte : Hesdin-Fert, qui deviendra Hesdin.
Au pied du château a grandi une communauté urbaine qui s'est surtout consacrée, outre son rôle de marché, au travail de la laine, dès le XI° siècle.
Artisans et commerçants avaient fait de cette ville la troisième d'Artois après Arras et Saint-Omer; au XIV° siècle, elle constituait avec sa banlieue un ensemble que l'on a estimé pouvoir compter jusqu'à 6000 habitants. La ville était ceinturée de remparts et de profonds fossés qui lui permirent, pendant plusieurs siècles, d'échapper aux calamités de la guerre et du pillage.
C'était l'une des premières villes de France à posséder une imprimerie.Elle était dotée de plusieurs fondations et d'un hôpital. Jean sans Peur en fit sa base militaire et y fit fabriquer ses armes et peindre ses fanions.
Vieil-Hesdin connut au cours de son histoire plusieurs maîtres successifs, parmi lesquels on retiendra les Comtes de Flandres, d'Artois, le Roi de France, les Ducs de Bourgogne...
Ces derniers ont particulièrement contribué à la bonne renommée de la ville et à son embellissement. Ils ont investi des sommes importantes dans ce qu'on peut appeler une de leurs « résidences secondaires ». Ils ont terminé l'aménagement du parc du château qui s'étendait au nord jusqu'à la Ternoise (et qui est devenu le territoire de la commune du Parcq sur la RN 39).C'était un lieu de prestige, où l'on exposait des « engins d'ébattement » qui devinrent célèbres dans toute l'Europe. Il fut sans doute l'ancêtre de nos parcs d'attractions. Des alliances y furent scellées, des traités signés, comme celui par lequel Charles le Téméraire acheta un comté en Alsace à Sigismond d'Autriche.
Au château même furent restaurés les appartements où s'exprimaient tous les raffinements princiers de l'époque, notamment en matière de distractions.
L'ancienne Hesdin a suscité bien des convoitises. Elle faisait en effet office de place forte frontière entre la France (au sud) et les possessions des Habsbourg (au nord). Entre 1475 et 1553, la ville a changé sept fois de maître... Elle fut notamment bourguignonne, autrichienne, française et espagnole.
Les progrès de l'artillerie lui laissaient alors peu de chances et cette ancienne forteresse de vallée était devenue particulièrement vulnérable malgré ses hautes murailles.
Sans pitié pour une cité de 12 siècles qui avait été l'une des préférées de ses ancêtres, Charles Quint ordonna sa destruction, à l'issue d'un dernier siège. Ambroise Paré, chirurgien de François Ier et père de la chirurgie moderne, fit partie des défenseurs de la ville assiégée mais rien ne put entraver la colère de Charles-Quint, qui voulait que rien ne reste de cette ville prestigieuse.Le nouvel Hesdin, dont la construction commença aussitôt à six kilomètres de là, est d'une tout autre conception : ville en étoile aux fortifications à-demi enterrées, elle annonce Vauban.
Le sol de Vieil-Hesdin garde le bien le plus précieux qui soit : la mémoire. Il n'est pas rare de trouver dans un jardin ou une pâture un fragment de boulet de couleuvrine tiré il y a plus de cinq siècles, témoignage d'un passé aussi glorieux que tumultueux.
Négligé, voire inconnu de nos contemporains, le site de Vieil-Hesdin a vivement intéressé l'université de Boston (USA), qui lui a consacré des travaux diffusés dans la plupart des universités américaines. Il était donc grand temps que nous, habitants actuels de ce petit village verdoyant ou de ses environs, nous nous fassions les témoins d'un passé prestigieux, qui sommeille encore en grande partie sous nos pieds, et dont on peut voir les vestiges, et mieux encore imaginer l'apparence ancienne.